Les poseurs de lièvres

Voici ce que nous apprend le catalogue du F.R.A.C. au sujet de l’œuvre de cet artiste très engagé dans Estampes et révolution, 200 ans après : C’est avec sa discrétion coutumière que le plus jeune d’entre les artistes ici rassemblés apporte son témoignage ; à rebours des propositions monumentales dans lesquelles s’est généralement investi l’art pictural des ces trente dernières années, Favier arpente minutieusement l’univers de la miniature, forçant les limites du regard dans un travail qui décompose insensiblement ses conditionnements. Car si les toiles de grand format se portent au devant du passant, les œuvres de l’artiste stéphanois réclament le mouvement inverse, rétablissant du même coup le spectateur dans sa liberté. C’est dans un mouvement de rétraction que l’œuvre s’attache ainsi à l’individu dans un rapport d’intimité sans partage, redécouvre au regard sa valeur de participation intelligente, affirme enfin son existence en se risquant aux frontières du perceptible. Plus sûrement encore que ses collages ou ses peintures sur verre, la gravure représente le mode d’expression privilégié de l’artiste, celui auquel il confie tous les développements d’un imaginaire séduit par le fantastique. Dans ce travail, Favier exile la thématique du Bicentenaire à l’intérieur de son étrange paysage onirique. Les poseurs de lièvres suggère avec humour l’échec de ces grands rendez-vous avec l’histoire. Le mime parodique de rituels primitifs, mettant ironiquement en doute l’idée de progrès, interroge la fonction protectrice des idéologies, qui se succèdent comme autant de leurres. Cette lucidité, cette distance, cette amertume aussi, sont celle d’une génération désenchantée. A.N.