Dance, dance around the fire

« Le foyer c’est étymologiquement le lieu où brûle un feu, et particulièrement l’âtre de la cheminée. En optique, le foyer est un point de convergence des rayons lumineux. Mais c’est aussi, dans la forge, le lieu de fabrique des outils techniques qui serviront à la culture… Un datacenter est un nouveau type de foyer, une nouvelle technique, lieu de stockage des informations, images, vidéos… qui se retrouvent sur la toile internet. Ce bâtiment demande une configuration du site d’implantation très spécifique et le rendre visible à travers le prisme d’une caméra thermique donne toute la dimension énergétique de ce bâtiment. Ces états de matière évanescente ou univers virtuel demandent la mise en place de beaucoup de matériel et d’énergie et tiennent plus de l’ordre de l’hyper-matériel. En archéologie, trouver les traces d’un foyer permet généralement de déterminer nombre d’informations sur l’habitat et les habitudes des personnes vivant dans un lieu donné. Aujourd’hui le foyer n’est plus sur le lieu d’habitation cette mise à distance pose la question du contrôle de celui-ci. L’économie du visible est un choix politique, comme l’église a pu poser l’articulation de l’image à la doctrine de l’incarnation, il y a aussi de nouveaux enjeux dans cette nouvelle technique. L’évocation de la notion de foyer est traduite par le cadre brûlé, l’image est imprimée avec une imprimante classique qui induit un effacement programmé et progressif de l’image dans le temps comme un foyer qui ne serait plus alimenté, soigné… questionnent les rapports de l’image à l’immuable, l’éternité…L’image présentée oscille entre abstraction (hommage au carré) et figuration dans son état initiale. Chaque carré représente spatialement un data centre Google : la sécurité, les grillages barbelés, l’architecture et enfin une captation par une caméra thermique du bâtiment révélant l’énergie (thermique) rejetée par celui-ci. »

Samuel Paugam, 2012.