Être envies

Cette affiche est une aventure collective, un territoire partagé. Elle appelle à œuvrer à bâtons rompus dans une synergie intelligente. Le collectif BRD s’est constitué à l’occasion de cette commande. Apolline Floc’h, Florian Le Hégarat, Théo Garnier-Greuez, Clément Valette se connaissent, ils militent (depuis le début pour ce dernier) et sont actifs au sein de Formes des luttes, un espace fédérateur qui propose de créer des signes forts commentant l’actualité, accompagnant les mouvements sociaux. Depuis 2019, Formes des luttes rassemble des centaines d’affiches, armes de papier défendant les luttes sociales. Depuis un site internet, les créations peuvent être téléchargées, imprimées. Chacun peut les utiliser et les propager.
Dans ce sillage, le collectif BRD réunit différentes générations. Pour cette première collaboration, le processus de création est primordial : faire ensemble, être ensemble. L’affiche se construit à mesure des échanges, de collages, de réajustements. Matière composite, l’image additionne diverses singularités et écritures. Elle laisse apparentes les traces des gestes successifs. Cet aspect est capital : intervenir, tout en intégrant les apports (ou transformations) des autres.
Portant une grande attention à la transmission, l’affiche se dévoile comme une surface polémique, un outil pour débattre, pour aménager un espace de convivialité. Des êtres, groupés, libres de leurs désirs, assument leurs doutes, leurs bricolages, leurs pansements artisanaux.
Avec ardeur, l’affiche revendique sa fonction, son origine militante. Les formats du design graphique sont historiquement liés à la rue. Placards, pancartes, papillons, banderoles, bannières, tracts, autocollants manifestent. Pour preuve, ce photomontage documente des écrits graphiques de défilé où des banderoles entrent en action. Parmi des mots, des citations étendards, des pensées porte-bonheur se glissent des croquis, des symboles ou encore des images de fleur, de montagnes. La composition entremêle, relie, fait se rencontrer des corps, des bouches souriantes, hurlantes, des mains soutenantes. Dans ce cortège s’inscrit et se détache, en blanc – celui des banderoles –, une action, un ensemble, « être ». Dans un défilé, il faut faire corps, parfois dans un joyeux bazar, pour rappeler que la rue est un espace citoyen où se pense et où l’on peut avoir une incidence sur un bonheur de vivre partagé.