Franck GÉRARD

Le Territoire, lac de Vassivière vu de la départementale 34

2004 | Photographie | 72 x 57 cm (encadrée) | PX09

Décembre 2001-2002/ 76 images – Constituée d’une cinquantaine de photographies couleurs allant du petit jusqu’au grand format, la série Le Territoiretraite d’un espace situé autour du lac de Vassivière, aux confins de la Creuse et de la Haute-Vienne. En s’arrêtant sur les indices des mutations récentes des paysages, ces photographies témoignent de la difficulté qui est la nôtre de nommer ces espaces où s’entremêlent urbanité et ruralité, et au sujet desquels on se demande s’il est encore pertinent de parler de « nature » ou de « campagne ». L’idée de nature est en effet indissociable ici d’une lente mais inéluctable urbanisation.Étrangement, une sorte d’abandon gagne dans le même temps les paysages via la déprise agricole, les mésaventures de certains projets touristiques et la difficulté de bâtir une véritable culture collective basée sur l’écologie et le développement durable. (…) Des alignements d’arbres identiques, des variations du niveau du lac rendant l’activité nautique aléatoire, des pavillons préfabriqués remplaçant peu à peu les bâtisses ancestrales contribuent avec une beauté sauvage et comme insaisissable à inventer ce qui pourrait être cette « post-campagne » évoquée ailleurs par Olivier Cadiot *. On ne compte plus en effet les signes, presque invisibles du fait de leur banalité mais aussi de l’effet d’écran visuel produit par le développement des forêts de conifères, d’une réalité complexe, à la fois attirante et inquiétante, fatiguée et somptueuse, bien différente en tous cas de ce que véhicule la littérature touristique afin de procurer du rêve à des citadins qui n’ont le plus souvent conservé avec la dite « campagne » qu’une relation superficielle et nostalgique. Aussi bien, on ne peut conclure aisément ni au désert ni à la ville. Pourtant, l’humour en moins, quelque chose pourrait s’apparenter ici à la « prédiction » d’Alphonse Allais : la campagne s’est peu à peu urbanisée. En fait, si nombre de moments et de sites révélés, par Franck Gérard ressortissent encore à une certaine « toute puissance » de la nature (on y voit en effet des cieux chargés, un lac gelé et toutes sortes d’autres « moments » magnifiques), nombre d’indices renvoient à la culture urbaine, industrielle, rationnelle et erratique (monoculture intensive, routes, supermarchés, etc.). Ces photographies semblent demander également si, avec ses 710.939 habitants au dernier recensement de 1999, le Limousin serait encore une région ? Si ce territoire ne serait pas plutôt une ville verte ou un jardin public à l’ère de l’urbanisation diffuse de la planète ? Extrait du texte de Guy Tortosa Ville verteparut dans le journal de Vassivière en Limousin centre national d’art et du paysage, 2003 * Olivier Cadiot, Retour définitif et durable de l’être aimé, POL, Paris, 2002

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