Lila Lou SÉJOURNÉ
MAID, une fabrique à l’image d’un monde qui licencie : Unitées de licenciements, Rouge
MAID est une fabrique à licenciements, que j’ai créée en 2015, à la suite de suppressions d’emplois ou de plans de départs volontaires effectués massivement entre 2013 et 2019, pour certains allant jusqu’en 2020. Suzanne Dentelle en est sa Directrice des Ressources Humaines. MAID entreprise travaille aujourd’hui avec 7 entreprises, SANOFI, PSA AULNAY, CREDIT SUISSE, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE, BNP PARIBAS et VALLOUREC, qui ont fait appel à ses services.
Le projet de cette fabrique à licenciements navigue entre la performance, l’action et l’installation.
À ce jour, la fabrique recense plus de 6503 employés licenciés.
Les données que MAID traite ont été prélevées à la radio, dans les journaux, qui sont à mon sens des chiffres, des données en dehors de notre réalité.
L’action qu’elle produit, permet de donner forme à cette masse de personnes qui se retrouvent face à des suppressions de postes, licenciements, plans de départs volontaires, …
Elle donne à voir le poids, le volume, la valeur de ce que représente l’abondance de licenciements auxquels nous faisons face.
La fabrique a pour but de générer des contre-formes de moules à gâteaux en plâtre. Le moule à gâteaux est pour moi un symbole, un clin d’œil à la ménagère (vous et moi) qui écoutons ces informations en dehors de notre réalité. Cette action est aussi une réponse/réaction à la fin du monde ouvrier et qui me permet de questionner les différentes valeurs économiques.
Un type de moule, que j’appelle unité représente une entreprise, une unité représente une personne licenciée.
« Au total, en France, il y a plus de 700 000 suppressions d’emplois annoncés ou en prévision depuis 2016, courant 2017 et prévues pour 2018, s’y ajoutant indépendamment des projets, de suppressions de postes de 120 000 fonctionnaires en 5 ans. »
En septembre 2018, MAID entreprise s’est installée dans les locaux de la maison de quartier Madeleine-Champs de Mars, lui permettant ainsi de finaliser les différentes commandes.
L’entreprise reprend tous les codes qu’utilisent différentes entreprises (l’espace de la fabrique, la surveillance, le marketing, la livraison et les supports de communications) et qui sont à mon sens des atteintes à nos différentes libertés individuelles.
Avec le graphiste Arnaud Aubry, MAID entreprise a donc travaillé sur la création de son identité visuelle forte en code emprunt au principe du marketing et de la communication (instagram).
Après le travail acharné de l’ouvrière Jeanne Brinas sur la conception des moulages, les différentes unités sont pesées, puis emballées/encartonnées.
Une fois la fabrication terminée, la DRH de l’entreprise Suzanne Dentelle contacta chaque DRH, en leur envoyant leur accusé de réception de commande ainsi qu’une facture.
Chaque entreprise concernée a été prévenue par courrier, le 9 mai 2019 de l’arrivée proche de leur commande.
Même si ces entreprises n’ont pas passé de commande, tout l’enjeu de ce travail est d’utiliser les codes de l’entreprise avec subtilité et d’en jouer pour ainsi créer un aller-retour entre le vrai du faux, permettant de diffuser un message politique et plastique fort.
Car en utilisant avec justesse ces codes esthétiques de l’entreprise, celle-ci pourrait être réellement considérée comme réelle.
L’année 2018-2019 fut déterminante pour MAID entreprise, qui lui a permis d’aboutir son projet de fabrique, à la fois dans la conception des 6503, la livraison des cartons de licenciés sur les différents sites des sièges sociaux des entreprises et la création de sa filiale MAID transport.
Cette filiale de transport est gérée par les livreuses Nicole Diologent et Michelle Paris.
Les tenues furent réalisées en partenariat avec Marie Lereclus et Fred Gautron.
Après ces différentes étapes, les 3, 4 et 5 Juin 2019, les cartons contenant les 6503 licenciés ont été livrés aux différentes entreprises et DRH, directement sur leur siège social, par les livreuses de MAID transport Nicole Diologent et Michelle Paris.
Ainsi le 3 juin 2019, les livreuses débutèrent leurs livraisons auprès des banques du Crédit Suisse, BNP Paribas et la Société Générale.
Le 4 juin 2019, ce fut au tour des entreprises PSA et Tupperware.
Puis le 5 juin 2019, les sièges sociaux de Sanofi et Vallourec furent livrés à leur tour.
Au total, 64 comportant 5448 licenciés furent livrés.
Toutes les entreprises acceptèrent leur commande à l’exception de la Société Générale qui refusa ces 6 cartons comprenant 1065 licenciés.
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