Briac LEPRETRE

Plan

2012 | Aquarelle sur papier | 77 x 56 cm (encadrée) | EAI14

Briac Leprêtre représente des scènes quotidiennes : une jeune fille à la plage, un garçon le nez en sang, une photo de classe, un repas de famille, un lampadaire au sol, des chiens, un lapin… Réalisées en aquarelle, ces scènes banales prennent une tournure inquiétante bien qu’elles soient familières. Ce malaise est sans nul doute dû au décalage entre les scènes représentées – issues de photographies de famille ou sélectionnées dans des magazines – et le médium choisi, habituellement utilisée pour de jolis sujets. Ici on peut dire que Briac Leprêtre maltraite ses sujets. La pauvreté banale dont il joue et qui accroche par son esthétique décalée nous renvoi à une certaine petitesse dans laquelle nous nous reconnaissons tous : notre grand-mère, la maison de notre voisin, le jour où notre cousin s’est fait casser la gueule, le lapin de notre enfance… À la limite du mauvais goût, ses peintures créent une certaine attraction. De cette pratique régulière de l’aquarelle est née une maîtrise certaine du médium. Ce sérieux de la technique renforce le contraste qui existait déjà avec les sujets choisis. Ceux-ci se diversifient, jusqu’à un pont taggé ou un paysage de lotissement en béton… Les formats s’agrandissent, donnant plus d’autonomie aux peintures. Les sujets sont traités avec de moins en moins de concession : une scène de bras de fer entre copains en fin de soirée, une nature morte au poulet, un magnifique couple devieux dans le train… Les titres donnés à ces aquarelles sont sans concession. Ils ne sont que ce qui permet de les identifier, dans la classification et le rangement créé par l’artiste : Bras de fer, Poulet, Vieux dans le train… Aucune narration qui pourrait sauver le sujet n’est ajoutée. Car si les sources de ces images sont des photographies de vacances ou de presse, il arrive à l’artiste de mettre en scène des amis. Mise en scène relative puisqu’il les remet en situation dans ce qu’ils font habituellement. C’est le cas du bras de fer à une heure tardive après plusieurs bières, dont celle, compressée, signalant qu’elle fait office de cendrier pour éviter que quelqu’un n’y boive… Ces scènes prennent une tournure naïve dans le sens où elles sont traitées comme un sujet qui mérite toute notre attention. Même si l’on sent le sourire narquois de l’artiste, c’est avec une grande tendresse qu’il peint ses sujets, l’air de dire qu’il en fait partie, avec une clairvoyance évidente. Un conseil quand même : ne donnez jamais l’une de vos photographies à Briac Leprêtre, vous la retrouverez peut-être agrandie dans une exposition. Anne Langlois. Texte paru dans le magazine 02, n°44, hiver 2007 – 2008

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