Gérard Paris-Clavel
Regarder c’est choisir
L’urgence aujourd’hui ? Persévérer et développer une démocratie du regard.
Gérard Paris-Clavel nous adresse un signe militant qui, littéralement, interroge : un idéogramme du regard. Un œil ouvert est le point de l’interrogation, une fenêtre d’attention, un avertissement. Avant toute composition, Gérard Paris-Clavel reformule le sujet donné.
Le message porte sur notre capacité à lire et à apprendre des images. Sa proposition s’inscrit dans la lignée de l’enseignement de Henryk Tomaszewski, dont Gérard Paris-Clavel a été l’étudiant, durant l’année 1966, à l’Académie des beaux-arts de Varsovie. Il juge la leçon décisive
et la poursuit : être dans une sobriété pugnace, élaborer un abrégé conceptuel activant l’intellect et les sens des lecteurs. Chaque partie du signe a été reprise à la main par différents collages. Repréciser, tester, contrarier afin d’approcher au plus près l’émotion qui provoque
la compréhension, sans effacer la fragilité et la sensualité du trait.
Dans nos sociétés, le débordement médiatique et une pollution visuelle suffocante brouillent notre discernement. Gérard Paris-Clavel rejoint les analyses du critique d’art et écrivain John Berger (1926-2017), qui, en 1972, décortique, en quatre émissions pour la BBC, nos habitudes perceptives. Un livre décisif en résultera, il sera traduit en français dès 1976 (Voir le voir, Éditions B42). Le graphiste rencontre l’écrivain londonien (exilé dans un village français dès 1973), notamment autour de son affiche Voir le voir. Outre ce credo, « Regarder, c’est choisir »,
tous deux partagent une conviction politique : éduquer par le regard peut sauver de l’appauvrissement capitaliste ; l’artiste est responsable, il faut laisser dans une œuvre de la place aux autres, pour que le public puisse exercer son entendement. Co-fondateur de Grapus et de l’association Ne pas plier, Gérard Paris-Clavel a signé, souvent sans signer, des affiches d’une puissance sagace, qu’il a toujours diffusées et fait circuler dans d’autres contextes.
D’une efficacité redoutable, elles résonnent, interpellent au-delà de toute frontière. Elles encouragent les interactions. L’affiche se doit de générer d’autres formes d’expression, des prises de parole. L’affiche ne suffit pas, elle doit être accompagnée. Elle est le point de départ d’un travail pédagogique.
Apprendre à voir, exercer une conscience critique participent à réduire les inégalités. Pour Gérard Paris-Clavel, être graphiste, c’est choisir l’utilité publique, mais une utilité de combat. C’est entendre les peines du monde et concevoir des objets graphiques qui améliorent notre écoute.
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