James GUITET

Sans titre

1988 | Sérigraphie | 44 x 44 cm (encadrée) | EH15

“De la carrière d’un artiste, on retient toujours certains temps forts, des images qui deviennent des archétypes de ce que l’on croit un peu vite qu’il s’agit de son style, et ces images s’interposent ensuite entre d’autres phases de l’évolution de l’artiste. C’est ainsi que l’on a tendance à figer l’art d’un créateur dans un moment de son évolution qui n’est qu’un moment, dépassé. Ce phénomène n’est pas sans gêner, par exemple, la compréhension de l’œuvre actuelle de James Guitet. Sa peinture en matières épaisses, des années 1950-1960 a marqué alors d’un tel impact sa créativité, que certains s’obstinent à ne voir, à ne pas reconnaître, à ne pas discerner, les caractéristiques de son art actuel qui se situe pourtant dans un contexte d’une intense actualité. En 1978, James Guitet a cinquante trois ans. Il est considéré comme l’un des meilleurs artistes de la seconde génération de l’abstraction lyrique… Or, c’est à ce moment qu’il remet tout en question… Réintroduisant la réflexion structuraliste dans la conception plastique, la peinture actuelle de James Guitet est nourrie de son expérience intellectuelle et de son imaginaire poétique. Sans doute n’était-il jamais allé aussi loin dans l’intelligence de sa démarche pour laquelle cette phrase de Gaston Bachelard donne la clef : “Il y a plus de vérité dans ce qui se cache que dans ce qui se voit.” On aura compris que le nouveau James Guitet se situe à l’extrême pointe des recherches picturales et plus proche de la « méta-peinture » américaine que du sempiternel rabâchage du style “années 50” ; que, par là même, il s’est détaché de tout un environnement, de tout un cycle de relations, au profit d’un autre cadre où il apparaît solitaire, parfois mal compris, voire importun. Mais ce serait aussi méconnaître sa démarche, et son caractère, que de penser à une rupture radicale entre ses deux périodes. Il existait en effet un espace métaphysique dans ses tableaux de pâtes en relief. La matière venait en fait en opposition à cet espace. Dans le jeu dialectique entre les sensations tactiles, l’artiste visualisait des dimensions cachées qui sont devenues aujourd’hui plus apparentes. Ne peut-on pas parler d’ailleurs d’une nouvelle phase de l’art de James Guitet, depuis 1985, où, après son règlement de comptes avec la forme, il en arrive à une notion de traces dans un espace pictural désertifié ? Ne va-t-il pas vers un espace de plus en plus symbolique ? Le presque rien, cher à Jankélévitch…”

Michel RAGON

(Catalogue Galerie Regards Paris. 198

 

 

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