Illuminations – Série « R »

« L’évolution de l’être vivant, comme celle de l’embryon, implique un enregistrement continuel de la durée, une persistance du passé dans le présent, et par conséquent une apparence au moins de mémoire organique… exister consiste à changer, changer à se mûrir, se mûrir à se créer indéfiniment soi-même. »
Henri Bergson

Ces images qui existent en elles-mêmes en tant que séries sont la trace visuelle de certaines actions et expériences. Chaque photographie représente 12 à 15 minutes de temps. Donc si vous regardez une série de cinq photographies, vous assistez au déroulement d’une heure d’action. Ces durées exceptionnelles de pose sont le résultat de mon travail au Sténopé (ou photographie sans objectif).

Ma caméra est une simple boîte de carton percée d’un trou sur une de ses faces. L’image photographiée passe à travers ce trou et impressionne lentement le papier émulsionné placé à l’intérieur de la boîte. Après chaque longue exposition, le papier est retiré et développé comme négatif en effectuant les manipulations traditionnelles dans une chambre noire. Les images positives que vous voyez sont simplement des épreuves contact de ces négatifs.

Il y a une certaine beauté, une certaine vérité dans cette forme primitive de la photographie. Elle est simple, pure, et je pense peu éloignée de l’essence de la capture, de la création d’une image photographique. Ici, la nature de la lumière et le concept du temps sont sensiblement différents de ceux de la photographie moderne. J’essaie de voir non seulement de l’extérieur mais aussi de l’intérieur des choses. Toutes ces photographies sont des autoportraits, et représentent une mythologie changeante qui peut être personnelle ou universelle. Il n’y a pas de définitions ni de limites à ces mythologie. Dans un sens, mes photographies ne sont que des images de rituels, de transformations et errances de quelqu’un qui cherche quelque chose.

Ian Paterson