Albrecht DÜRER

Saint Jérôme dans sa cellule

1514 | fac-similé d'un monogramme gravé | 35 x 50 cm (encadrée) | ED47

Dans cette gravure sur cuivre,Saint Jérôme est montré assis derrière son bureau, plongé dans le travail. La table, à l’angle de laquelle est une croix, est typique de la Renaissance. Une ligne imaginaire de la tête de Jérôme en passant par la croix arriverait au crâne sur le rebord de la fenêtre, comme si mort et Résurrection contrastaient. Le lion au premier plan fait partie de l’iconographie traditionnelle* de saint Jérôme, et à proximité, il y a un chien qui dort, un animal trouvé fréquemment dans les ouvrages de Dürer, symbolisant la fidélité. Les deux créatures font partie de l’histoire de Jérôme dans la Légende dorée de Jacques de Voragine, hagiographie très utilisée par les artistes.
Saint Jérôme dans sa cellule est souvent considéré comme faisant partie d’un groupe de trois gravures de Dürer, les deux autres étant le célèbre Melencolia I (1514) et Chevalier, la Mort et le Diable (1513). Ensemble, ils ont été considérés comme représentant les trois sphères d’activité reconnues à l’époque médiévale: chevalier, la Mort et le Diable appartient à la sphère morale et à la «vie active»; Melencolia I représente l’intellectuelle, et saint Jérôme la vie théologique et contemplative. (Dürer a souvent vendu Melencolia I et Saint Jérôme dans sa cellule de paire, en effet selon Erwin Panofsky, « elles expriment deux aspirations antithétiques ». « Les deux compositions offrent (…) des contrastes trop parfaits pour être l’effet du hasard. ») La composition est intime, mais le spectateur a du mal à se situer dans l’espace de l’image. Thomas Puttfarken suggère que tandis que la scène est très proche de l’observateur, Dürer n’avait pas l’intention que le spectateur s’y sente présent: « l’intimité n’est pas la nôtre, mais celle du saint plongé dans l’étude et la méditation» (94). L’historien d’art Erwin Panofsky commente ainsi la perspective: « La position du point de vue, assez loin du centre, renforce l’impression d’une représentation déterminée non par la loi objective de l’architecture, mais par le point de vue subjectif du spectateur sur le seuil – une représentation qui doit précisément à cette perspective ce sentiment d’intimité. » La cucurbitacée représentée au plafond peut être une référence à un litige de traduction de la prophétie de Jonas, La Vulgate disait une courge (cucurbita) d’après les Septante, la traduction de Jérôme un lierre (hedera).Karel Vereycken dans son article : Albrecht Dürer contre la Mélancolie néo-platonicienne en 2007 l’interprète ainsi : «  En raisons de ses nombreux pépins, il est symbole d’abondance et de fécondité, image métaphorique de nourriture d’immortalité. Un dicton chinois pose la question du sens de la vie : « Suis-je une calebasse qui doit rester pendue sans qu’on la mange ? » »

*Saint Jérôme est traditionnellement représenté en ermite, portant la barbe. Ses attributs sont le lion, le crâne, le chapeau de cardinal et le livre (il révisa les traductions latines de la Bible)

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