Alain SECHAS

Sans titre

1996 | Sérigraphie | 75 x 105 cm (encadrée) | HV16

L e chat, cet exutoire Alain Séchas récuse la métaphore comme l’ironie. Quelle valeur donner alors à la figure récurrente du chat, du chat dans tous ses états, enrhumé, décapité, joueur de quilles, basketteur, ciblé, désabusé morpion ? Les premiers chats à entrer dans le jeu ont les traits de faux héros dans des situations mélancoliques voire tragiques, ils sont le boxeur abasourdi de Superchaton (une œuvre publique) et de El Pacificador pour la Biennale de Sao-Paulo, le Chat écrivain en portrait de l’artiste, sans oublier Enfants gâtés et son effet de miroir glacial démultipliant l’image du bébé Hitler dans son parc une croix gammée à la main en guise de hochet. Familier et singulier le chat de Séchas est devenu un personnage, tous les personnages, signalant le mouvement réflexif entre l’œuvre et le sujet. Mais l’art ne reste-il-pas, à l’image du chat, énigmatique ? Sans doute, à moins de l’adopter, de se l’approprier, complètement, totalement. À la réserve près que les chats (comme les œuvres d’ailleurs), jusqu’à preuve du contraire n’ont pas la parole. Mais se serait compter sans l’artiste. Avec Alain Séchas, le dessin et le texte sont justement là pour « réautoriser la parole » (A.S.), moins pour transporter l’œuvre que la poser dans une lecture directe. Pour cela tous les outils sont bons, le dessin noir et blanc ou en couleur est au centre de ce dispositif au même titre que le volume, la vidéo d’animation, le son. Une exposition à cheval sur les parvis de Tarbes et Pau, livrait un ensemble inédit d’œuvres nouvelles, dont les dessins de néon, le Chat cible, le Chat boxeur, les sculptures de résine peinte, le David (de Goliath), le Chat bowling, le Chat cadeau, l’ensemble de peintures acryliques, et l’édition d’un cahier de dessins au feutre, Morbihan Blues, le tout dans une prolifération quasi endémique. Il faut dire que le chat est coutumier du fait, il se reproduit, se démultiplie, occupe les foyers, les familles, le lien affectif. C’est bien la destination, ou du moins la direction que vise Séchas. Non pas un art limité, distancié, trié sur le volet, mais une propension et une capacité à se disséminer, à ramifier une réelle intimité entre le public et l’œuvre… le chat comme cheval de Troie. C’est pourquoi aussi, en regard d’une complémentarité des moyens, Alain Séchas se livre à une mise à plat des renvois, des enjeux. Parmi ceux-ci, en vrac, l’histoire de l’art, la figure de l’artiste, la mythologie, Dali, Dieu, l’humour noir, la scène de rue, la réunion familiale, les enfants, les arrières-pensées, la crainte, l’invective, l’insolence, le meurtre… le cadeau explosif. La référence essentielle reste le fonds commun à tout un chacun d’informations, de pratiques, de comportements, de fantasmes, en somme un univers familier dont il use et abuse. En fait, pour Alain Séchas l’œuvre ne doit pas seulement étonner mais plutôt sidérer, c’est-à-dire provoquer un arrêt momentané, une énigme, une petite violence aussi. En contrepoint, il établit un flux entre l’objet de l’œuvre et sa réception, une fluidité toute perceptible dans le trait, le galbe, la courbe des formes mises en œuvre et dont le spectacle de l’exposition est partie prenante. C’est l’utilité qu’il assigne à l’art. Le parti du présent recueil procède bien de ce mouvement avec en vis-à-vis des photographies de l’exposition prises au pied levé, portraits d’œuvres, détails, vues d’ensembles et des dessins qui jettent comme à l’emporte-pièce situations et expressions. Du dessin exutoire, à l’impact visuel il n’y a qu’un chat.

Pascal PIQUE 1999 Pau Ibos/Tarbes sur http://www.alainsechas.com

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