Une chambre à soi

« Il a fallu longtemps réclamer la possibilité d’une chambre à soi, mais encore fallait-il enfin se sortir de la chambre en soi, la chambre dans laquelle nous sommes d’autant plus captif.ve.s qu’elle est la structure même de l’intimité miroitée. Car il y a bien au moins deux séries de chambres qui, quoiqu’elles plongent les unes dans les autres, n’en demeurent pas moins distinctes dans le sens qu’elles suggèrent autour de la notion d’intériorité. Chambres refuges, chambres cellules, chambres infinies, chambres seuils, il y a aussi des chambres qui peuvent passer à de purs dehors – Si une chambre à soi nous est accordée, c’est bien qu’aucun cri ne pourra y être poussé qui ne soit strident seulement pour nous-mêmes. Les miroirs comme tombeaux, les plafonds comme prophètes. Le plus profond, dit Deleuze, c’est la peau »

Une chambre en soi, Mathilda S. Gustau extrait de texte ayant accompagné l’exposition Les chiennes sont douces de Margaux Moëllic