Isabelle DEHAY

Paysage DPI # Marbella

2020 | Film vidéo et programmation numérique Max-Msp-Jitter. Couleur, silencieux, fichier numérique format HD, boucle de 1’45. | VE04

Paysages Dpi, Portraits Dpi d’Isabelle Dehay par Miles McKane, printemps 2020.

Lors de sa résidence de 4 mois à Barcelone, résidence Hors les murs initiée par la Casa de Velázquez à Madrid et Hangar à Barcelone, Isabelle Dehay a pu développer un travail artistique et multimédia en regard de l’écriture de programmes numériques. L’un des algorithmes créé à cette occasion permet de reconnaitre dans une séquence filmée le mouvement et les changements colorés, en analysant chacun des pixels de l’image. En fonction de ces analyses, certains pixels seront sélectionnés. L’algorithme conservera uniquement les pixels en mouvement, ou au contraire, il gardera les pixels qu’il considère comme immobiles. Il en résulte un film qui se construit avec des informations numériques manquantes ou dont l’ordre d’arrivée des informations a été modifié. Choisir de garder les fragments immobiles de l’image semble paradoxalement intéressant, comme un éloge à l’immobilité alors que le cinéma est mouvement.

Faisant écho aux recherches d’identification de différents territoires tels qu’ils apparaissent dans la série Paysage Dpi (2012-2020) pour traduire différents lieux en images mentales, le film Paysage Dpi # Poblenou s’inscrit à Barcelone. Il semble traduire une accélération frénétique, comme une désintégration des particules par le mouvement d’une foule en train de danser sur une place publique. De la même façon que notre mémoire fragmente la représentation d’un souvenir, certaines parties de l’image ont disparu. Bientôt, elles seront partiellement recouvertes par un nouvel échantillon de pixels sélectionné par l’algorithme.

Le film rend compte de cet historique et s’obtient au fur et à mesure que se recouvrent les images précédentes.

Contrecarrant le protocole mis en place par ce dispositif, la dimension humaine s’est imposée comme nécessaire dans Love (2018). L’infime mouvement de la danse des corps ouvrait alors un nouveau champ d’investigation, organique et sensible.

Aujourd’hui, l’artiste travaille sur le portrait, et étend l’analyse algorithmique à une image capturée en direct. Lors de l’évènement Supervues en décembre 2018, elle a pu proposer aux visiteurs d’expérimenter pour la première fois le programme à partir de leur propre visage. L’expérience a été spontanément mise en place avec une webcam. Directement confronté au tissage de différentes temporalités dans une même image, l’expérience pour le public s’est révélée à la fois ludique et explicite.

Les Portraits Dpi prolongent cette réflexion, évolution de savoir-faire et de création multimédia en terme de nouvelles images tout en sondant directement les principes propres à l’image en mouvement : vitesse, mouvement, temps de pause, permanence.

Artistiquement, ce travail pointe la fragmentation du vivant, l’infiniment petit du pixel. Au delà de ce qui est visible, comme de la vibration des ondes omniprésentes, il nous renvoie à l’accélération de nos sociétés. Révélant l’effet de la vitesse sur les plus petites particules de l’image. Il offre comme alternative un espace où l’immobilité permettra de conserver une image entière de soi, ou de disparaître totalement.

En créant des outils algorithmiques à l’heure de l’intelligence artificielle et de la reconnaissance faciale, le travail d’Isabelle Dehay interroge les limites de la machine dans l’interprétation des données. Elle questionne la mémoire et l’identité individuelle et collective, révélant les interprétations, accidents ou détournements d’information possibles dans le transfert des informations.

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