Stéphane TESSON
Sans titre
La définition de l’image par André Breton à Pierre Reverdy : « Le rapprochement de deux réalités plus ou moins éloignées. Plus les rapports des deux réalités rapprochées seront lointains et justes, plus l’image sera forte… » légende l’image contemporaine au point que Jean-Luc Godard, lorsqu’il chevauche le siècle dans ses Histoire(s) du cinéma, la reprend comme principe de résolution générale (et générative). Stéphane Tesson, qui s’avère à l’évidence un imagier – comme l’attestent les épais blocs de brouillon sur lesquels, escortés de pages blanches, se succèdent les dessins au crayon -retourne volontiers cette conception. Plutôt que de rapprocher, il agrège deux réalités : les éléments réunis fusionnent, s’absorbent mutuellement, se confondent bientôt. Le blanc entre les deux images (qui permet la suture) disparaît au sein d’un rébus muet, comme l’indique Tesson qui place « Le point de fuite à l’intérieur ». À se demander si, dans ces volumes qui comptent autant de versos immaculés que de rectos crayonnés, les blancs ne figurent pas des images abouties. Aux objets de solderies discount qui sollicitent avec insistance l’artiste en quête de sujet : « Pourquoi ne pas peindre ? », Tesson répond par une interro-négative : « Comment ne pas être déçu ? » Question déplacée ou méthode de dessin ? — Jacques Norigeon
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